Le Business de la mafia | Par Frédéric Duval

Le parrain

La multinationale la plus puissante ne vend pas de hamburgers, ne construit pas d'automobiles, ne commercialise pas de biens.... la multinationale la plus puissante se consacre à la communication, à la négociation, à la politique, à la conclusion d'accords et à l'affiliation... (et ce n'est pas un réseau social 2.0) raconte Frédéric Duval.

Il s'agit de la mafia, une organisation qui produit autant d'argent que le produit intérieur brut américain et qui compte d'innombrables affiliés dans son réseau.

bernardo provenzanoBernardo Provenzano s'est inscrit comme l'un de ces affiliés et son premier emploi a été d'assassiner une composante du concours. Il a échoué dans sa première tentative mais a atteint son objectif quelques jours plus tard. Cependant, cela n'avait pas beaucoup d'importance puisqu'à cette époque, ce n'était qu'un cadavre de plus parmi tous ceux que la guerre de clan avait laissés derrière elle affirme Frédéric Duval.

Provenzano est lié à 127 meurtres mafieux commis dans les années 70 et au début des années 90, pour lesquels il est condamné à la réclusion à vie. Il a disparu pendant 43 ans. Soutenu par l'"omertá" (pacte du silence) qui régit la mafia et peut-être aidé par des personnalités importantes de la vie sicilienne, il passa tout ce temps sur l'île. Il a été affirmé qu'il était mort. Personne ne l'a reconnu et sa voix n'a jamais été interceptée ou reconnue par téléphone.

Pourquoi a-t-il réussi à s'échapper et à survivre pendant 43 ans dans l'anonymat et dans une mafia aussi dangereuse ?

La Cosa Nostra était une association rétrograde, stagnant dans la violence et les luttes de pouvoir, mais l'arrivée de Provenzano a marqué un tournant dans son histoire. Le changement était si important que depuis son arrivée on pouvait le considérer comme n'importe quelle entreprise, pragmatique et en constante évolution.

Lorsqu'il a pris les commandes, il s'est retrouvé avec des membres épuisés et démoralisés qui avaient réussi à rompre leur pacte de silence, sachant que leur vie était en jeu, grâce à des ententes avec la police en échange de renseignements.

 

De Provenzano a dit que s'il avait appliqué son talent et son charisme à des entreprises légitimes, elles auraient été un réel succès, ce qui nous aurait permis d'apprendre certaines étapes pour sauver la "faute professionnelle" :

Invisibilité ou relativité : Provenzano ordonnait aux mafiosi d'éviter toute activité susceptible d'attirer la publicité. Si un propriétaire d'usine refuse de payer, personne ne devrait mettre le feu à ses camions ou à ses machines. La persuasion pacifique était le seul moyen. L'ancien système consistait à tirer d'abord et à poser des questions ensuite, mais la nouvelle époque exigeait une évaluation des conséquences possibles de tout acte hostile. Il fallait se demander comment une personne pouvait faire plus de mal, morte ou vivante, a révélé Giuffrè.

Médiation et consensus : Etre calme, clair, correct et constant, ne pas ignorer tout ce que les autres disent ou croient jusqu'au bout. Essayez toujours de connaître la vérité avant de parler, et rappelez-vous que, pour porter un jugement, une seule source d'information n'est jamais suffisante.

3. Consensus : La Provence forme ses hommes à l'art de la négociation et du dialogue. Il coordonnait les activités de différents groupes qui se faisaient concurrence sans imposer leur volonté. Il était le leader incontesté, mais donnait l'impression que ses décisions avaient été prises après une longue consultation.

4. Orientation et guidance (Dieu comme allié) : Une autre astuce du patron de la Cosa Nostra était d'avoir Dieu de son côté. Il s'est révélé être un homme pieux, une sorte de berger en qui on peut avoir confiance et dont les lettres sont lues comme une homélie. Ils comprenaient même de nombreux passages de la Bible.

5. Flexibilité politique : Provenzano n'a pas hésité à changer sa loyauté envers l'un ou l'autre quand son entreprise l'exigeait. Il a cherché des politiciens prêts à l'aider et n'a pas hésité à leur tourner le dos 24 heures plus tard si nécessaire.

6. Réinvention : En cas de scandale politique ou de faillite d'entreprise, le patron a jugé indispensable de pouvoir prendre ses distances. Il a même recommandé d'acquérir une toute nouvelle personnalité, si nécessaire.

7. Modestie : Au cours de sa carrière, Provençal est passé d'un simple tueur à gages à un investisseur d'affaires, un cerveau politique, et finalement un stratège ou un leader. Une partie de sa mystique est que personne ne savait s'il était vraiment un génie ou un vrai analphabète. Pour souligner son humble caractère et se présenter comme un simple villageois, il écrivit des lettres pleines de fautes d'orthographe et signa toujours avec la même humble excuse : "Je m'excuse pour mes fautes d'orthographe...".

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